Comment nous sommes devenus bipèdes
Essais , Sciences / avril 11, 2019

Christine Tardieu. Comment nous sommes devenus bipèdes : le mythe des enfants-loups, Paris : Odile Jacob, 2012, 223 p. Christine Tardieu est biologiste de l’évolution, paléontologue, spécialiste de la morphologie fonctionnelle et biomécanicienne. L’ouvrage revient sur la spécificité de la bipédie chez l’espèce humaine, seul mammifère à se déplacer en permanence sur ses deux membres inférieurs. Cette marche est-elle inscrite dans les gènes ? Quels changements se sont produits au cours de l’évolution de l’espèce qui ont adapté la morphologie humaine à la bipédie ? Christine Tardieu part du mythe des enfants-loups, ces enfants élevés par des animaux sauvages et qui ne se sont pas redressés pour marcher et sont demeurés quadrupèdes. Les cas recensés d’enfants-loups « rééduqués » ont finalement appris la bipédie mais avec énormément de difficultés. La plupart de ces cas se sont révélés faux (supercheries comme le cas emblématique d’Amala et Kamala, deux petites filles indiennes qui auraient été recueillies par un pasteur dans les années 1920). C. Tardieu revient en revanche sur des cas de familles authentiquement quadrupèdes en Turquie et en Iran, cas qui seraient liés à une anomalie congénitale d’une zone du cerveau régissant l’équilibre et la motricité. Avantages évolutifs de la bipédie : permet…

Malscience
Essais , Sciences / février 12, 2019

Nicolas Chevassus-au-Louis. Malscience, Paris : Seuil, 2016, 203 p. (Science ouverte) Interrogés de manière anonyme, 2% des scientifiques reconnaissent avoir inventé ou falsifié des données. Biologie et médecine sont, de loin, les disciplines les plus touchées. Ce livre revient sur une série de scandales internationaux et passe en revue les différents types de fraudes ou de négligences plus ou moins conscientes qui mettent à mal la crédibilité et la fiabilité des recherches scientifiques. 5 août 2014 : suicide du biologiste japonais Yoshiki Sasai suite à la découverte de la fraude d’une des chercheuses qu’il encadrait, Haruko Obokata. Celle-ci avait soi-disant démontré dans un article publié dans Nature (30/01/2014) avoir découvert une méthode permettant de transformer un lymphocyte adulte en cellule-souche pluripotente en le plongeant simplement dans une solution légèrement acide. Ces résultats s’avérèrent frauduleux, de nombreux chercheurs s’efforçant sans succès après parution de l’article de reproduire l’expérience. Augmentation des manquements constatés à l’intégrité scientifique : hausse du nombre de rétractations d’articles notamment. Phénomène beaucoup plus important en biologie qu’en physique. En physique, tradition de rigueur beaucoup plus forte dans la collecte et le traitement des données. De plus, la compétition en physique concerne souvent quelques groupes à travers le monde,…

Nazisme, science et médecine
Essais , Histoire , Sciences / juin 25, 2017

Nazisme, science et médecine. Christian BONAH et alii (dir.), Paris : Glyphe, 2006, 365 p. Ce livre rassemble plusieurs études visant à saisir comment la médecine a pu être saisie par le nazisme. 3 grands domaines de recherche sur le rôle et la place de la médecine dans le national-socialisme : les migrations forcées des médecins juifs ou opposants empêchés d’exercer par le régime la politique de santé publique nazie (hygiénisme, eugénisme…) les expérimentations humaines Importante valorisation de la santé et de la performance du corps au service de la nation. Assimilation de la santé du corps de l’individu avec la santé du corps social. Le régime craint donc tout ce qui est sensé affaiblir ou menacer la santé du corps social et la « perfection » de la race. Ces valeurs se retrouvent donc en arrière-plan de toute activité médicale sous le régime nazi. La politique sociale et sanitaire vise à favoriser celles et ceux à même de participer à l’amélioration du bien-être du corps social, et à écarter voire éliminer ceux qu’on juge nuisibles. L’ouvrage revient sur les différents types d’expérimentations médicales menées sur des humains par le régime nazi : recherche en génétique : reçoit des moyens importants dès…

Des savants face à l’occulte
Essais , Sciences / janvier 25, 2017

Des savants face à l’occulte. Bernadette BENSAUDE-VINCENT et Christine BLONDEL (éd.), Paris : la Découverte, 2002, 231 p. (Sciences et société) Recueil d’articles décrivant comment la séparation entre science et para-science était beaucoup plus trouble et floue entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle. Alors que les principes de la méthode scientifique se mettent en place et dans une époque prétendument rationaliste, les phénomènes occultes suscitent l’intérêt de nombreux chercheurs qui entendent les étudier comme des faits scientifiques. De Pierre Curie qui consultait l’une des plus célèbres médiums de l’époque au médecin Charles Richet qui, parallèlement à ses recherches sur l’anaphylaxie qui lui valurent le prix Nobel, chercha longtemps à observer des fantômes notamment à la célèbre villa Carmen à Alger. Une des contributions évoque Camille Flammarion, astronome et grand vulgarisateur qui s’intéressa toute sa vie aux phénomènes spirites. Cet intérêt apparaît plutôt logique dans une époque où la science découvrait de nombreux phénomènes qu’elle peinait à expliquer, dont les ondes (magnétiques ou radio) et le rayonnement de la matière. On pouvait donc émettre aussi l’hypothèse que l’esprit pouvait diffuser des ondes qui seraient susceptibles de la matière. Les para-sciences furent peu à peu repousser à la…

Le chercheur et la souris
Essais , Sciences / août 31, 2016

Le chercheur et la souris : la science à l’épreuve de l’animalité. Georges CHAPOUTHIER et Françoise TRISTANI-POTTEAUX, CNRS éditions, 2013, 207 p. Résumé (extrait de la 4e de couverture) : « Françoise Tristani-Potteaux raconte le parcours de Georges Chapouthier, neurobiologiste et philosophe qui a vécu cette difficile contradiction. Elle revisite son œuvre, analyse les événements, les interrogations et les désarrois qui l’ont conduit à devenir, tout en poursuivant une brillante carrière scientifique, un militant des droits de l’animal. » Ce que j’ai appris (en vrac) : Georges Chapouthier, né en 1945, est issu d’une famille d’érudits, avec un père archéologue et professeur de grec ancien et une mère professeur de lettres classiques. Le meilleur ami de Georges Chapouthier durant sa scolarité au lycée Montaigne à Paris fut un certain Patrice Chéreau qui lui fit partager sa passion pour le théâtre et le cinéma. Chapouthier a conduit sa thèse sur un sujet qui paraissait à l’époque prometteur mais qui s’est avéré au final ne pas « marcher » : le transfert de mémoire d’un individu à l’autre par voie chimique. On soumet des animaux à un certain apprentissage, puis un extrait de leur système nerveux central est injecté à d’autres animaux receveurs pour étudier si…