Connemara
Dernières lectures , Littérature / octobre 27, 2022

Nicolas Mathieu Connemara, Arles : Actes Sud, 2022, 395 p. Hélène et Christophe sont à l’âge où un visage peut devenir un sentiment. Ça leur fait ça avec Christophe, mais aussi avec Mathieu Simon ou Jérémy Kieffer, qui sont tous plus âgés, mignons, et surtout cools, car vouloir être embrassée, c’est aussi vouloir participer d’une clique, ceux qui comptent, ont une bécane ou un scoot, portent les bons vêtements et sont invités aux fêtes exclusives qui s’organisent ici ou là. Plus tard, Hélène et sa copine passeront des heures délicieuses à souffrir sur leur lit en écoutant Whitney Houston ou Phil Collins, désespérées et alanguies. Elles apprendront les paroles par cœur, elles chanteront à la récré, elles fumeront en cachette. Les chansons d’amour ont précisément été inventées pour ça, ressasser son drame et faire vivre ce théâtre d’ombres des grands sentiments, un garçon qui vous frôle, une nuque en classe de SVT, n’importe quoi p. 82 L’adolescence est un assassinat prémédité de longue date et le cadavre de leur famille telle qu’elle fut gît déjà sur le bord du chemin. Il faut désormais réinventer des rôles, admettre des distances nouvelles, composer avec les monstruosités et les ruades. Le corps est…

Il était une ville
Littérature / février 2, 2021

Thomas B. Reverdy Il était une ville, Paris : Flammarion, 2015, 270 p. Il aurait fallu crier pour s’entendre mais la peur, l’excitation, la fascination pour le feu, la stupéfaction devant ses ravages, l’inquiétude, ce mélange de jubilation et d’angoisse qu’on appelle l’inquiétude, d’être les auteurs en quelque sorte d’un événement trop grand pour eux, tout cela leur fermait la bouche et le coeur. Et quoi crier, quand on ne sait même pas bien ce que l’on ressent au juste, si ce n’est un frisson d’effroi qui n’a pas de nom. Jouissance du mal, plaisir coupable, ce ne sont pas des sentiments de gosses. Mais peur sans doute, peur, non pas du péché dont ils étaient innocents, mais que ce soit si facile. Que personne n’ait pu l’arrêter. p. 31 Il y a plein de raisons d’en vouloir à son employeur, si ce n’est à son entreprise.On peut se lasser, tout simplement. On dit « j’en ai fait le tour », comme si le travail n’était qu’un truc de hamster. C’est nous qui en avons fait notre cage, peut-être, mais on ne s’y supporte plus.On peut ne pas s’entendre avec les collègues. Ou alors ce sont eux, avec nous. On est asocial,…