La désinvolture est une bien belle chose

juin 9, 2025

Philippe Jaenada La désinvolture est une bien belle chose, Paris : Mialet-Barrault, 2024, 487 p.

Avant de rejoindre la voiture, je descends vers la plage, je reste quelques instants sur la promenade. C’est la dernière fois, jusqu’à la fin de mon tour, que je vois l’eau, que j’entends le clapotis des vagues – qui m’accompagne tous les jours depuis le départ (sauf à Bagnères-de-Luchon – où je n’ai même pas fait de cure d’eau, car je suis en pleine forme). Ça ne me fera pas de mal, j’ai besoin de changer, j’ai envie de remonter vers le nord. Je me rends compte que je deviens grincheux, depuis Port-Vendres. Je ne sais pas si c’est que la Méditerranée a marqué pour moi le milieu (le mitan, dirait un écrivain véritable, plus raffiné que moi, en plissant les yeux pour savourer le mot) du parcours, ce moment où l’on est loin du début et loin de la fin, où l’on flanche ; ou que l’océan, la mer, quotidiennement, trop de mer, finit par mouiller l’esprit, amollir, affaiblir – un mal de mer de l’âme ; ou que la mentalité trop décontractée, indolente des gens du Sud ne me convient pas (je suis jaloux, peut-être) ; il me tarde de retrouver la terre, la pierre, du solide, l’ombre. (p. 302)

Pas de commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *