La République coloniale. Nicolas BANCEL, Pascal BLANCHARD, Françoise VERGES. Paris : Hachette Littérature, 2006, 174 p. (Pluriel) Cet essai entend mettre en évidence comment le projet colonial français a bel et bien été partie intégrante du projet républicain et s’attache à examiner comment a pu se développer cet incroyable paradoxe entre d’une part une République affirmant l’universalisme de ses valeurs (liberté, égalité, auto-détermination des peuples) tout en menant d’autre part une politique expansionniste fondée sur la discrimination, l’exploitation et la répression. Au nom de l’universalisme de ses valeurs, la France est allée asservir des peuples entiers pour les libérer malgré eux s’il le fallait, leur apporter les bienfaits de la civilisation occidentale (forcément supérieure) qu’ils l’aient ou non voulu. Toute rébellion de l’indigène est alors forcément perçue comme marque d’ingratitude devant être sévèrement réprimée. Les auteurs soulignent par exemple comment la libération des femmes des pays colonisés a pu servir de prétexte pour justifier la mise sous tutelle de populations entières, la République se posant en défenseure des droits des femmes (sans leur reconnaître le droit de vote sur son propre sol) contre la brutalité largement dénoncée des mœurs indigènes. L’ouvrage expose son propos de façon limpide et sans manichéisme….