Philip ROTH.Le théâtre de Sabbath (1995) Le problème que représentait sa vie ne serait jamais résolu. Sa vie n’était pas de celles dont les objectifs sont clairs ou dont les voies sont claires, où il est possible de dire : « Ceci est essentiel et cela n’est pas essentiel, ça je ne le ferai pas parce que je ne peux pas le supporter, et ça je le ferai parce que je peux le supporter. » Il était impossible de démêler une existence dans laquelle la rébellion était la seule règle et la première des distractions. Depuis des années, il ne lisait plus le journal et n’écoutait les nouvelles que s’il ne pouvait faire autrement. Les informations ne lui apprenaient rien. Les informations étaient faites pour que les gens en discutent et, indifférent aux ronronnements et aux conventions du cours normal des choses, Sabbath n’avait aucune envie de parler aux autres. Ca ne l’intéressait pas de savoir qui faisait la guerre à qui ou à quel endroit un avion s’était écrasé et ce qui était arrivé au Bangladesh. Il ne voulait même pas savoir qui était président des Etats-Unis. Il préférait baiser Drenka, il préférait baiser n’importe qui, plutôt que de…